Etudions maintenant un outil pédagogique qui a fait récemment son apparition dans le monde de la formation professionnelle :
la réalité virtuelle.La réalité virtuelle propose un
apprentissage immersif en positionnant un casque devant les yeux de l'apprenant.
L'apprenant est alors immédiatement immergé dans un univers artificiel dont les graphismes et les perspectives ne reflètent pas fidèlement la réalité visuelle du contexte du futur poste à occuper.
N'oublions pas que la finalité d'une formation professionnelle est de graver des informations réelles dans le cadre de références de l'apprenant pour l'amener à optimiser ses pratiques professionnelles.
Pour créer une réalité virtuelle, les concepteurs pédagogiques dessinent des univers graphiques qui ne peuvent pas être en total adéquation visuelle avec les formes et les couleurs perçues par les yeux d'un collaborateur qui découvre pour la première fois les environnements réels de l'entreprise.
Effet wahoo (Réalité virtuelle) versus ancrages cognitifs visuels (vidéo interactive)
Depuis la nuit des temps, l'être humain inspecte instinctivement et en permanence son environnement pour détecter le moindre mouvement, le moindre bruit à partir de la maquette visuelle inscrite dans sa mémoire perceptive, c'est la condition de sa survie.
Le canal visuel est géré par le
cerveau limbique qui est spécialisé dans la gestion émotionnelle et visuelle.
C'est à partir de cette analyse des formes et des couleurs de son environnement, que l'être humain mémorise instantanément les informations.
Il peut ainsi prendre les bonnes décisions selon les éléments qui caractérisent son environnement direct.
Le problème avec la réalité virtuelle, c'est que les formes et les environnements sont, justement, virtuels.
Lorsque l'apprenant positionne le casque devant ses yeux, le cerveau détecte immédiatement l'artificialité de l'activité immersive et se positionne dans une posture de jeu : le GAME peut commence, le cerveau va s'amuser, mais pas mémoriser !
Les ancrages cognitifs des éléments de compétence ne sont pas au rendez-vous.
L'apprentissage immersif créé par la réalité virtuelle est redoutablement impressionnante et se révèle très performante lorsque vous être positionné à cent mètres de haut entre deux buildings sur une planche de bois.
Mais c'est une situation vécue, pas une compétence à mémoriser.
Et lorsque la réalité virtuelle propose un environnement reconstitué, le cerveau va appliquer des schémas cognitifs d'actions qui sont en cohérence avec le contexte graphique et visuel proposé par le casque immersif.
La problématique est que la distance cognitive entre le jeu visuel immersif et la
mémorisation d'une image réelle est énorme.
La totale immersivité de la réalité virtuelle supprime la
proprioception qui est la capacité consciente à détecter et d'analyser les mouvements et les sensations de son corps dans un contexte singulier et réel.
L'apprentissage durable ne consiste pas à amuser le cerveau, mais à positionner l'apprenant dans une posture de méta analyse, c'est à dire d'avoir le recul analytique pour optimiser sa pratique professionnelle pendant le moment de l'apprentissage.
Avec la réalité virtuelle, les éléments graphiques reconstitués ne correspondent pas aux images que l'apprenant doit mémoriser pour être efficace lorsqu'il intègrera son futur poste de travail.
Aujourd'hui, le graphisme qui reconstitue artificiellement une situation professionnelle avec un casque devant les yeux ne permet pas d'utiliser la faculté de proprioception, qui est fondamentale pour maîtriser et analyser des gestes, des procédures et des actions en action et en toute conscience grâce à la prise de distance.
Le dernier élément de différenciation, est l'aspect financier de la conception de ces deux types d'apprentissages immersifs.
Apprentissage immersif et coût de conception
En moyenne, la conception d'une minute de réalité virtuelle coûte 5 à 7 fois plus cher que de tourner et de monter des vidéos immersives et interactives filmées en contexte réel dans les entreprises.
La mémorisation de l'apprentissage passe par deux analyses sur des temporalités différentes.